Rétablissement historique des relations entre les Etats-Unis et Cuba
Que peut-on bien penser du rétablissement des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et Cuba ?
La normalisation diplomatique américano-cubaine à été applaudi dans le monde entier .
Le président américain Barack Obama , et le président cubain Raul Castro , ont annoncés simultanément , le 17 décembre 2014 , qu’une nouvelle situation historique prévaudrait désormais entre leur deux pays .
Néanmoins , un embargo restreint de façon importante les échanges commerciaux et il reste en vigueur jusqu’a nouvel ordre .
Ainsi , dans son allocution télévisée d’une vingtaine de minutes le président Obama a déclaré que « des décennies d’isolement imposés à Cuba par les Etats-Unis n’ont pas réussis à atteindre l’objectif durable visant à favoriser l’émergence d’une Cuba démocratique , prospère et stable » , il y avait donc une exigence à ouvrir « nouveau chapitre » .
Le président américain a déclaré que sa politique d’isolement avait beau s’appuyer sur les « meilleures intentions » , mais il reconnait , que celle-ci n’a pas reçu le soutien international escompté , « aucune autre nation ne s’est jointe à nous pour imposer des sanctions , et elles ont peu d’autre effets que de fournir une justificatication au gouvernement cubain pour imposer des restrictions à son peuple » .
D’ailleurs , « Cuba est toujours gouverné par les Castro et le Parti communiste » .
D’autre part , Barack Obama a soutenu que l’emprisonnement d’Alan Gross , un citoyen américain , avait été un « obstacle important » vers un rétablissement des relations diplomatiques .
Mr Gross avait été accusé d’espionnage à Cuba , et fut relâché pour des raisons humanitaires , le 17 décembre 2014 .
Parallèlement , La Havane a aussi libéré un agent de la CIA emprisonné depuis 20 ans , en échange de trois agents cubains que celui-ci avait lui-même permit de faire incarcérer aux Etats-Unis .
Débat entre le président américain et le Congrès au sujet de Cuba :
Le président des Etats-Unis à également fait savoir qu’il souhaitait engager un débat « honnête et sérieux » avec le Congrès américain pour parvenir à terme à lever l’embargo imposé à l’ile des Caraibes depuis plus d’un demi-siècle .
La Maison-Blanche a ultérieurement fait savoir qu’elle souhaitait une entente d’ici la fin de la présidence Obama .
Cette discussion avec le Congrès s’annonce difficile , car les élus républicains qui se sont toujours opposés à la levée de l’embargo , seront majoritaires dans les deux chambres du Congrès en janvier .
Discussion entre le président américain et le président Raul Castro :
Le président américain a déclaré avoir parlé avec le président Raul Castro le 16 Décembre 2014 , et lui avoir manifesté « sa forte conviction » que la société cubaine est contrainte par les restrictions imposées à ses citoyens » .
Le président américain a déclaré : « Les Etats-Unis croient que les cubains ne devraient pas être harcelés , arrêtes ou battus simplement parce qu’ils exercent un droit universel à être entendus , et nous continuerons de soutenir la société civile la-bas » .
« Bien que Cuba a adopté des réformes pour ouvrir graduellement son économie , nous continuons de croire que les travailleurs cubains devraient être libres de former des syndicats , tout comme leurs citoyens devraient être libres de participer au processus démocratique » .
Néanmoins , Barack Obama à reconnu que La Havane continuerait d’avoir des politiques étrangères « parfois diamétralement opposées » à celles des Etats-Unis , et que cela ne changerait pas du jour au lendemain .
Toutefois , le président américain estime qu’une politique « d’engagement et d’ouverture » devrait cependant permettre d’aider les cubains » .
Autrement , le président Obama a remercié le Canada pour avoir été l’hôte des discussions avec La Havane , ainsi que le pape François , « dont l’exemple moral nous montre l’importance de faire du monde ce que nous voulons qu’il soit , plutot que simplement se contenter de l’accepter tel qu’il est » .
Le président Raul Castro confirme les grandes lignes de l’accord :
Dans son allocution télévisée au peuple cubain , le président cubain Raul Castro a annoncé que le président américain et lui s’étaient « mis d’accord sur le rétablissement des relations diplomatiques » .
Néanmoins , » cela ne veut pas dire que le ( problème ) principal , l’embargo économique , a été résolu » .
Le président cubain a salué la libération des trois agents cubains par le président des Etats-Unis .
Il a dit : « Gerardo ( Hernadez ) , Ramon ( Labañino ) et Antonio ( Guerrero ) sont arrivés aujourd’hui dans notre patrie » . « Cette décision du président américain mérite le respect et la reconnaissance de notre peuple » .
D’autre part , Ban Ki-Moon , le secrétaire général de l’ONU , a « salué chaleureusement » cette normalisation diplomatique .
Le secrétaire général de l’ONU a déclaré lors d’une conférence de presse , « Les Nations Unies sont prêtes à aider ces deux pays à développer leurs relations de bon voisinage » .
Autrement , le pape François a aussi exprimé sa « grande satisfaction » face à cette décsion historique .
Le Vatican a confirmé que le pape avait envoyé des lettres aux présidents Obama et Castro , et qu’il avait reçu des délégations des deux pays au mois d’octobre , en leur offrant ses « bons offices » .
Pour sa part , Nicolas Maduro , le président du Vénézuela , a déclaré , « Il faut reconnaitre le geste d’Obama , un geste courageux et nécessaire » , tout en parlant d’une victoire pour Cuba .
Caracas étant un allié de La Havane , mais entretenant des relations tendues avec les Etats-Unis depuis la fin des années 1990 .
L’entente à toutefois été mal accueilli par plusieurs ténors républicains qui considèrent que l’échange de prisonniers entre Washington et La Havane constitue un dangereux précédent .
Marco Rubio , le sénateur de la Floride , croit par exemple que l’annonce faite le 17 décembre 2014 , constitue « la dernière d’une série de tentatives ratées de la part du président Obama pour tenter d’apaiser des régimes parias à n’importe quelle prix » .
Pour rappel , les Etats-Unis n’eurent plus aucunes relations diplomatiques avec Cuba depuis janvier 1961 , soit deux ans après que le gouvernement du dictateur Fulgencio Batista eu été renversé par un mouvement révolutionnaire dirigé par Fidel Castro avec l’aide d’Ernesto Che Guevara .
Initialement , Washington avait reconnu le nouveau gouvernement cubain , mais les relations entre les deux pays se sont rapidement dégradées quand les nouveaux leaders communistes cubains eurent décidés d’exproprier des propriétés américaines , et se furent associés à l’Union Soviétique .
En conséquence , les américains imposèrent un embargo commercial à Cuba dès février 1962 , mais il fut quelque peu assoupli au début des années 2000 , afin que les résidents de l’ile , alors en grande difficulté économique , puissent recevoir des denrées alimentaires et des médicaments .
Lors d’un sommet des Amériques tenu à Trinité-et-Tobago en avril 2009 , le président Obama , alors en fonction depuis trois mois , avait dit souhaiter « un nouveau départ avec Cuba » .
Il avait dit : « je ne souhaite pas parler pour parler . Mais je pense que nous devons orienter les relations américano-cubaines vers une nouvelle direction » .
Les éléments principaux de l’entente entre Washington et La Havane :
1°) Des relations visant à rétablir des relations diplomatiques , déjà en cours
2°) Une ambassade américaine à La Havane sera ouverte dans les prochains mois
3°) Un certain nombre de voyages vers Cuba seront facilités ; Les américains pourront envoyer jusqu’a 2000 $ par semestre à des cubains , comparativement aux 500 $ à l’heure actuelle ( la mesure excluant certains responsables du Parti communiste cubain ) . Ces plafonds ne s’appliqueront plus si les fonds sont destinés à des projets de développement .
4°) Les banques américaines pourront établir des partenariats avec des institutions financières cubaines
5°) Les voyageurs américains pourront utiliser des cartes de crédit et des cartes de débit américains à Cuba
6°) Les Etats-Unis déploieront des efforts pour faciliter l’accès à l’internet des cubains ; Parallèlement , des équipements et des logiciels pourront être exportés , et des fournisseurs de services pourront établir les infrastructures nécessaires
7°) Des discussions entre les Etats-Unis , Cuba et le Mexique auront lieu pour déterminer la frontière maritime entre les trois états dans le golfe du Mexique
8°) Le statut de Cuba en tant qu’état soutenant le terrorisme adopté en 1982 , sera révisé par le secretariat d’état ( ministère des affaires étrangères américain ) ; Un rapport devant être remis au président Obama d’ici six mois
9°) Le président Barack Obama est d’accord pour qu’une délégation cubaine participe au prochain Sommet des Amériques qui aura lieu au Panama . Obama insiste cependant pour qu’une délégation issue de la société civile l’accompagne
« L’Ouverture américaine » , nouveau défi pour l’avenir de Cuba :
Après le triomphe de la révolution cubaine en janvier 1959 , qui mit un terme définitif au régime autoritaire et corrompu du tyran Fulgencio Batista , et qui sonna en même temps , le glas de la domination des Etats-Unis sur l’ile antillaise , une néo-colonisation , qui avait démarrée avec la guerre hispano-américaine de 1898 .
Washington , n’eu alors cesse pendant plus d’un demi-siècle , de vouloir réinstaurer son emprise dominatrice sur Cuba en utilisant tous les moyens : invasion militaire , déstabilisation clandestine du régime cubain , utilisation de citoyens cubains contre Cuba , terrorisme d’état , en passant par l’isolement et l’embargo .
Cependant , le peuple cubain était doté d’une volonté de survie et d’une capacité de résistance extraordinaire qui fit que cette tentative étrangère pour briser la révolution cubaine ne put réussir .
Par conséquent , le changement de la politique américaine envers Cuba négocié secrètement durant des mois , à été bien accueilli par le peuple cubain , parce qu’il s’agissait du résultat de sa lutte .
Néanmoins , les médias occidentaux ont propulsés le président Obama au rang de « réconciliateur » et de dirigeant ayant su rapproché deux pays qui étaient adversaires il n’y a pas si longtemps que cela .
La réalité est tout autre , des opposants très virulents au régime cubain existent encore aux Etats-Unis , et la politique étrangère américaine agressive envers Cuba n’a que partiellement cessée .
La Havane devrait d’ailleurs méditer cette phrase du président américain , en rétablissant les relations diplomatiques , « les Etats-Unis d’Amérique concentrent leurs efforts dans la promotion de l’indépendance du peuple cubain , afin que celui-ci n’ait pas à se fier à l’état cubain » .
Cette phrase corrobore à priori la volonté de Washington de s’ingérer dans les affaires de la nations cubaine .
En fait , Washington à décider de changer radicalement de stratégie au sujet de Cuba .
Son but supposée est que le régime cubain tel qu’il est disparaisse à terme , et le gouvernement américain traitera Cuba d’une autre manière pour cela .
Dorénavant , Il y aura des ONG , ( dont certains pensent qu’elles seront les émanations de la CIA et du département d’état ) , envoyées pour des « projets humanitaires » de soutien au peuple cubain .
Avec ces organisations « non-gouvernementales » bien financées , arriveront aussi les multinationales américaines chargées de constituer une « tête de pont » pour s’insérer avec leurs capitaux dans l’économie cubaine , en visant des secteurs stratégiques et qui font le prestige de Cuba , comme le secteur des biotechnologies ( très avancé à Cuba ) , le secteur des mines ( en particulier le nickel dont Cuba possède une des plus grandes réserve au monde ) , le secteur hôtelier et touristique aux grands potentiels .
Ainsi , un défi d’un type nouveau est lancé par Washington au peuple cubain et à Cuba , avec des moyens certes différents mais tous aussi dangereux que les précédents .
Les enjeux , la disparition de la révolution cubaine et de ses conquêtes .
D’autre part , les adversaires du régime cubain compte beaucoup sur les nouvelles générations cubaines qui espèrent-ils iront dans leur sens .
Parce que l’état socialiste cubain a toujours été un problème pour Washington , la vigilance de Cuba ne devrait pas se relâcher .
Car , il y a peu de doute sur l’idée que les Etats-Unis entendent toujours prendrent part à la chute du régime mis en place par Fidel Castro .
Ceci on l’a bien compris , par l’usage de moyens bien moins agressifs en apparence : l’économie , le soft power , … au lieu d’utiliser un embargo inefficace , ainsi que divers autres moyens de déstabilisation clandestin contre l’état cubain .
Par ailleurs , on peut penser que Washington espère générer à terme une révolution de couleur à Cuba , ceci grâce à sa nouvelle politique et avec sa grande expérience internationale dans ce domaine acquis à l’étranger .
Toutefois , La Havane pourra compter sur une nouvelle Amérique Latine , plus fière , beaucoup plus indépendante que par le passé , cherchant sa propre voie , n’entendant plus être « l’arrière-cour des USA » et qui ne se « laissera plus dominer ni exploiter» par le géant nord-américain comme cela ce faisait par le passée .
J’en veux pour preuve par exemple la création d’organisations régionales comme la CELAC , l’UNSUR , l’ALBA …
En conclusion , Cuba doit rester très lucide à propos de l’ouverture de nouvelles relations avec les Etats-Unis d’Amérique , au risque de redevenir ce qu’elle était pour ce pays nord-américain ( un satellite ) avant la révolution conduite par Fidel Castro et le Mouvement du 26 juillet .
Etats-Unis/Cuba : la fin de plus de 50 ans d’hostilités
Vidéos annexes :