Les afrikaners , un peuple qui se définit comme africain

Guérilleros boers durant la Seconde guerres des boers .

 

 

Un afrikaner est un sud-africain , blanc  d’origine néerlandaise , française , allemande , ou bien scandinave et qui possède une langue dérivée du néerlandais du 16ème siècle  : l’afrikaans .

D’un point de vue ethnique , le concept d’afrikaner a pris son sens actuel au 18ème siècle en réservant exclusivement son application aux descendants de blancs non anglophones , nés en Afrique du Sud depuis l’établissement au Cap en 1652 d’une colonie  par la Compagnie néerlandaise des Indes Orientales .

Il étend sa représentativité au-delà de l’ethnonyme boer ( paysan en néerlandais ) , qui est le vocable par lequel ces blancs furent d’abord désignés , pour évoquer non seulement « une communauté de langue et de culture , mais aussi une nation entrée dans l’Histoire » .

 

 

 

Etymologie :

 

Les afrikaners , sont un des peuples de langue afrikaans , bien qu’ils soient à l’origine de l’introduction de cette langue en Afrique du Sud .

On écrit encore parfois Afrikaander ou plus rarement  Afrikander . Ces termes utilisés dans cette langue et qui signifient littéralement « africains » en afrikaans , désignent ainsi principalement les africains blancs d’Afrique du Sud de langue maternelle afrikaans .

On peut aussi les désigner par le terme « Hollandais du Cap » qui est plus précis que le terme « afrikaner » qui signifie simplement « africain » en langue afrikaans .

L’afrikaans est avec l’allemand pennsylvanien ( pennsifaanish ) , et l’allemand de Namibie , le néerlandais en Amérique et dans une mesure différente les diverses formes d’anglais , une des langues de racine germanique parlées hors du continent européen .

Ainsi , le terme « afrikaner » apparaît au début du  18ème siècle et a supplanté celui de boer au 20ème siècle .

Le premier  témoignage  de son utilisation est attribué à Hendrik Bibault en 1707 , arrêté pour scandale public et condamné au fouet .

Il rétorqua au Landrost  ( bourgmestre ) de Stellenbosch qui venait de le condamner et de lui infliger ce châtiment :

« Ek been ein afrikaaner ! » ( « Je suis un afrikaner » ) et il ajouta : « Peu importe que le Landrost me condamne au fouet , je ne me tairai pas » .

 

Le Voortrekker Monument de Pretoria , monument symbolique du nationalisme afrikaner .

 

 

Rapport identitaire vis-à-vis de l’Europe :

 

La première marque distinction entre les colons de souche sud-africaine d’origine européenne et les peuples européens est que les premiers  sont indéfectiblement attachés à l’Afrique du Sud et ne se reconnaissent plus dans la lointaine Europe .

 

 

 

Rapport identitaire vis-à-vis de l’Afrique :

 

Les afrikaners revendiquent clairement leur identité africaine .

Les Burgers ( des citoyens libres par opposition aux  fonctionnaires de la Compagnie néerlandaise des Indes Orientales ) puis les  Trekboers  ( ceux s’éloignant du Cap ) , et enfin les Voortrekkers vont s’enraciner dans la terre africaine et s’identifier à une  géographie précise au nom de leur africanité .

Cette identité ethnique va s’affirmer par rapport aux autres populations , en les excluant , qu’ils soient blancs de souche britannique , ou bien de souche africaine et de couleur de peau noire .

 

Charlize Theron , née le 7 août 1975 à Benoni ( Afrique du Sud ) . Actrice mondialement connue et ancienne mannequin sud-africano-américaine . Elle est issue de la culture afrikaner .

 

 

Facteurs linguistiques et religieux :

 

La construction d’un groupe homogène afrikaner s’est globalement appuyée sur la langue afrikaans et sur le calvinisme , dont la doctrine distinguait un peuple élu et les autres .

Ainsi , la première publication en afrikaans date de 1795 . Il s’agissait d’un poème satirique concernant l’occupation britannique de la colonie du Cap .

Au 19ème siècle , l’identité des boers-afrikaners s’affirme à travers l’usage de cette langue .

À côté de l’afrikaans , la désignation des afrikaners comme  peuple élu par les théologiens des Eglises réformées a constitué le paradigme   central de l’histoire sud-africaine des afrikaners .

 

 

 

Facteurs culturels et ethniques :

 

Cependant , ces deux facteurs culturels unificateurs qui les distinguaient des autres communautés du pays n’étaient pas suffisants pour effacer les différences abyssales entre les fermiers du Transvaal et les hommes d’affaires afrikaners du Cap .

Il fallait une trame commune du passé pour unir les afrikaners vers une même destinée car au départ , le sens du mot afrikaner diffère selon qu’on est au Cap ou au Transvaal .

Si , au Cap , il désigne un individu blanc d’origine néerlandaise qui ne parle que l’afrikaans , rejetant ainsi la catégorie des métis , sa définition peut se doubler d’une interprétation nationaliste plus large utilisée par l’AfrikanerBond pour désigner tout sud-africain affirmant une allégeance exclusive à l’Afrique du Sud .

Au Transvaal par contre , le concept est restrictif puisqu’un afrikaner ne peut être qu’un membre de  « l’Afrikanerdom »  , c’est-à-dire un participant du Grand Trek  ou ses descendants .

L’histoire des afrikaners s’est en fait forgée et continuellement référée à une représentation quasi-religieuse , utilisant les comparaisons bibliques entre l’oppression des juifs dans l’Ancien Testament et l’Exode des afrikaners du Cap en 1835 .

 

 

 

Récit fondateur .

 

Relief en marbre du Voortrekker Monument retraçant l’histoire des Boers/Afrikaners durant le Grand Trek .

 

 

Le Grand Trek :

 

Le Grand Trek s’est finalement imposé comme la « racine historique » du peuple afrikaner , l’événement qui lui a donné son âme , le berceau de la nation .

Au début , il n’existe pas d’institution ou de structure capable de faire évoluer ce sentiment d’appartenance à une communauté spécifique vers une forme plus moderne de  nationalisme .

Ce sentiment se limite à la perception d’une destinée commune et c’est à partir de  1875 , consécutivement à l’apparition des journaux en afrikaans puis du premier livre d’histoire des afrikaners par  Stephanus Jacobus du Toit en langue afrikaans , que se forge le mouvement identitaire afrikaner , sous l’effet et en réaction à l’impérialisme britannique et à son idéologie libérale .

Ainsi , les afrikaners « entrent dans l’Histoire » comme un peuple original et autonome de pionniers , simples et  pieux , s’ouvrant une voie en Afrique du Sud avec leur fusil , leur  bible , leur paire de boeufs , leur grand  chariot de bois transportant femmes , enfants , matériel agricole rudimentaire et tous leurs biens terrestres .

Un chariot qui sert également d’abri , de moyen de transport et de forteresse contre les attaques ennemies .

Les afrikaners vont longtemps se considérer comme les authentiques sud-africains ,  « architectes de l’Afrique du Sud moderne » , surnommant les Blancs anglophones  « couilles salées » ( car ils auraient un pied en Afrique du Sud , un autre au  Royaume-Uni et les parties dans l’Atlantique ) , alors que les non-blancs étaient relégués dans des rôles subalternes , justifiés selon les plus fondamentalistes des afrikaners par la malédiction de Cham ( terme biblique concernant Cham , un des fils de Noé ) .

 

 

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